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Près de 5.000 Erythréens contraints à l’exil chaque mois


Archives -Tsega, 38 ans, immigrante qui a fui l'Erithée six ans plus tôt, vit avec son enfant Naher, 5 ans, à Calais, France, le 28 ocotbre 2014.
Archives -Tsega, 38 ans, immigrante qui a fui l'Erithée six ans plus tôt, vit avec son enfant Naher, 5 ans, à Calais, France, le 28 ocotbre 2014.

Une enquête du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pointe du doigt le gouvernement d'Asmara et l’accuse des violations "systématiques et à grande échelle" des droits de l'homme.

Le rapport de 500 pages, pour une enquête étalé sur une année, décrit un système répressif où les gens sont régulièrement arrêtés, détenus, torturés ou portés disparus et tués.

"La commission a établi que des violations systématiques et à grande échelle des droits de l'Homme ont été et sont commises en Erythrée sous l'autorité du gouvernement (...) certaines pourraient constituer des crimes contre l'humanité", affirment les experts dont le rapport a été publié lundi.

Ces violations interviennent "à une échelle rarement constatée ailleurs", ajoutent-ils.

Cela provoque un exode massif avec des centaines de milliers d'Erythréens qui ont quitté leur pays, s'exposant dans leur fuite aux multiples dangers des trafiquants et des passeurs et à l'ordre "tirer pour tuer" donné aux forces de sécurité gardant la frontière.

A la mi-2014, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU avait estimé leur nombre à 360.000 répartis dans le monde, pour une population totale estimée à 6,3 millions d'habitants.

Les réfugiés Erythréens constituent la seconde population après les Syriens à se lancer dans la périlleuse traversée de la Méditerranée.

Après 22 ans de régime du président Issaias Afeworki, le rapport évoque un système orwellien de surveillance de masse, où voisins et membres de la famille doivent rendre compte les uns sur les autres, où les personnes sont détenues pendant des années dans des conditions horribles sans même savoir pourquoi, où le service militaire à durée illimitée permet au régime de compter sur une main d'oeuvre réduite à l'état d'esclavage pendant des décades.

L'Erythrée, petit pays fermé de la Corne de l'Afrique, s'était opposée à la création de la commission en juin 2014 et n'a pas autorisé les enquêteurs de l'ONU à se rendre sur place.

L'Erythrée est dirigée d'une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis son indépendance de fait en 1991, après 30 ans de guerre d'indépendance contre l'Ethiopie.

"Le pays est gouverné non pas par la loi mais par la terreur", a déclaré aux journalistes Mme Sheila Keetharuth, une des auteurs du rapport. Il a été établi avec des entretiens avec 550 Erythréens vivant à l'étranger plus 160 témoignages recueillis par écrit.

Il n'a pas été facile de convaincre certains de témoigner tant le réseau d'espionnage du régime est aussi actif à l'étranger, entrainant des craintes de représailles contre les familles.

La torture est tellement répandue que "c'est une politique du gouvernement d'encourager son emploi", souligne le rapport.

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