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Mali : attaque meurtrière à Bamako


Des soldats devant le restaurant La Terrasse où des hommes armés ont tué cinq personnes dans une attaque à Bamako, le 7 mars 2015.
Des soldats devant le restaurant La Terrasse où des hommes armés ont tué cinq personnes dans une attaque à Bamako, le 7 mars 2015.

Un Français, un Belge et trois Maliens ont été abattus dans la nuit de vendredi à samedi dans un restaurant en plein cœur de Bamako, premier attentat visant des Occidentaux dans la capitale du Mali qui vit depuis 2012 sous la menace djihadiste, rapporte l’AFP.

L'attaque, qualifiée de "terroriste" par un policier, n'a pas été revendiquée. Elle survient à un moment crucial des négociations de paix entre le gouvernement malien et la rébellion armée à dominante touareg.

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"C'est le premier attentat de ce type à Bamako", explique Pierre Boilley, directeur de l'Institut des mondes africains (IMAF), selon qui "la cible est confuse parce qu'il y a un Français qui a été tué certes, mais il y a quand même trois Maliens, un Belge..."

Outre les tués, la fusillade a fait au moins huit blessés, dont trois Suisses parmi lesquels une femme très grièvement touchée, selon des sources hospitalières.

Le ministère suisse des Affaires étrangères a indiqué ne pouvoir confirmer qu'une Suisse était blessée, mais l'armée suisse a indiqué que deux militaires suisses envoyés au Mali pour s'occuper de déminage et de la sécurisation de stocks d'armement, touchés dans l'attaque, avaient été hospitalisés dans un état "stable mais critique".

Deux suspects mais avaient été arrêtés samedi par la police malienne qui a, par la suite, indiqué que les deux hommes étaient des délinquants maliens de droit commun et n'étaient "pas impliqués" dans l'attentat dans le restaurant de Bamako.

"Ils avaient des armes pour commettre des larcins, de petits hold-up, mais ils ne sont pas au coeur des derniers actes terroristes perpétrés" à Bamako, a déclaré à l'AFP un haut responsable de la police malienne, précisant qu'ils n'étaient "pas impliqués" dans l'attentat.

"Les deux suspects de nationalité malienne arrêtés après la fusillade de Bamako, ne sont pas des terroristes, mais des brigands", a-t-on ajouté, affirmant que l'enquête se poursuivait et que la sécurité avait été renforcée dans la capitale.

Grenades en direction d'une patrouille de police

Selon des témoins et des sources policières, au moins un homme armé est entré peu après minuit (heure locale et GMT) à "La Terrasse", un établissement sur deux niveaux (boîte de nuit au rez-de-chaussée et bar-restaurant à l'étage) apprécié des expatriés. Il a lancé des grenades avant d'ouvrir le feu, puis jeté deux autres grenades en partant en direction d'une patrouille de police, tuant un policier.

La Terrasse se trouve dans une rue très animée de la capitale, dans le quartier de l'Hippodrome qui compte de nombreux bars, restaurants et discothèques.

Une source diplomatique a expliqué que le ou les auteurs de l'attaque ont tué le Belge et deux Maliens dans la rue, à proximité du restaurant, avant d'entrer et d'ouvrir le feu.

"Ils auraient crié +Mort aux blancs+ en rentrant dans le restaurant (...) Ça fait penser à un attentat contre la présence des Européens. Puis ils auraient visé le Français", a ajouté cette source.

Un ami de ce dernier, Zakaria Maïga, a dit avoir "identifié sa dépouille" à la morgue, évoquant un seul tireur.

Dans une rue voisine, le corps d'un policier malien et celui du gardien d'un domicile privé gisaient au sol, alors qu'un peu plus loin le corps du ressortissant belge était également visible.

Attentat 'lâche'

Le chef de l'Etat français François Hollande a dénoncé "avec la plus grande force le lâche attentat" de Bamako.

Mongi Hamdi, le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) qui a déployé quelque 10.000 militaires et policiers dans le pays , a condamné une "attaque odieuse et lâche".

Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a condamné "cette terreur lâche, ignoble qui a frappé à Bamako", et confirmé la mort d'un citoyen belge. Il s'agit d'un ex-militaire responsable de la sécurité pour la délégation de l'Union européenne (UE) au Mali, père de deux enfants, selon une source diplomatique.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a fustigé une attaque "horrible et lâche".

Le nord du Mali était tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés par l'opération militaire "Serval", lancée par la France en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l'opération "Barkhane", dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne.

Des zones entières du nord du pays échappent toujours au pouvoir central, mais les attaques djihadistes, qui s'étaient multipliées depuis l'été contre la Minusma, ont diminué d'intensité.

Les forces françaises ont constaté récemment "une certaine retenue" chez les groupes armés, qui "ne cherchent pas systématiquement à reprendre pied comme nous avions pu l'observer précédemment", avait déclaré jeudi le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Gilles Jaron.

L'attentat se produit au moment où la rébellion à dominante touareg est sous forte pression internationale, y compris de l'ONU, pour parapher d'ici fin mars un accord de paix, comme l'a déjà fait le gouvernement malien le 1er mars à Alger.

Le président Ibrahim Boubakar Keïta a convoqué un Conseil de défense dans la matinée.

L'ambassade de France "a constitué une cellule de crise, averti les Français dès cette nuit et renforcé la sécurité de nos implantations en liaison avec les autorités maliennes", selon la présidence française.

Poseurs de bombes présumés lynchés à mort à Gao

Toujours au Mali, deux poseurs de bombes présumés ont été lynchés à mort et brûlés ce samedi par la foule à Gao, principale ville du nord du pays.

"Les deux jeunes avaient posé des bombes non loin de la police fluviale de Gao. Ils voulaient les actionner à distance, quand ils ont été surpris par des habitants de Gao qui les ont brûlés", a déclaré une source de sécurité à Gao. Une source de l'ONU à Gao a confirmé l'information, affirmant que "personne n'a pu intervenir" face à la colère de la foule.

Source: AFP

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