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Dans l'est de la RDC, des miliciens se reconvertissent dans la culture du café


La culture du café permet à des miliciens de se réintégrer dans la société civile
La culture du café permet à des miliciens de se réintégrer dans la société civile
La coopérative Sopacdi à Minoca, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), non loin de la frontière rwandaise, appelle les milices armées à réfléchir : leurs membres pourraient gagner leur vie nettement plus facilement qu’en restant au sein des groupes armés, en échangeant leurs fusils pour la culture du café.

La coopérative a toujours cherché à améliorer les conditions de vie des petits producteurs, principalement par la récolte et la commercialisation du café. Et pas n’importe quel café. Le sol, le climat et l’altitude de la région de Minoca forment les ingrédients idéals pour la variété arabica, café de haute qualité qui s’exporte très bien, à des prix très intéressants.

Le président de Sopacdi, Joachim Munganga, explique que la coopérative a lutté pour faire certifier son café. Si elle a été fondée en 2003, ce n’est qu’en 2008 qu’elle a pu s’associer à une ONG britannique, TWIN, qui aide les producteurs des pays en développement à se jumeler à des chaines de supermarchés dans les pays industrialisés.

La chaine britannique Sainsburys a commencé à écouler le café produit par Sopacdi en 2011. Cette année, la coopérative a fait certifier son café, « café organique », et elle va ainsi pouvoir l’écouler auprès de sept acheteurs en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.

Bref, Sopacdi ne cesse d’élargir ses activités dans une région où les jeunes désœuvrés se tournent fréquemment, faute de mieux, vers les milices, pour gagner leur pain. Selon le président de la coopérative, c’est ce qui a poussé ses responsables à lancer un appel aux miliciens, les invitants à déposer les armes pour cultiver le café.

Aujourd’hui, des membres de communautés rivales – quelques 3,600 personnes - travaillent côte à côte, élisent ensembles leurs dirigeants et cherchent à promouvoir les intérêts de leur coopérative. Néanmoins, reconnait M. Munganga, le fisc pénalisent lourdement les exportations, ce qui encourage les trafics, qui persistent.

Sopacdi a divisé ses quelques 3.600 membres, dont presque un millier de femmes, en groupe de cinquante fermiers chacun, qui élisent leurs dirigeants. Ces derniers à leur tour élisent un président.

John Buchugwazi, chef de secteur, affirme que son hectare de plants de café lui a rapporté 400 dollars la dernière saison, et qu’il peut compter sur deux saisons par an. Donc, il gagne correctement sa vie.

La coopérative verse aux agriculteurs un prix supérieur de 25 pour cent à ceux qu’ils pourraient obtenir individuellement. Les profits sont réinvestis dans la Sopacdi, qui aujourd’hui emploie deux agronomes, 12 surveillants et 170 ouvriers.

Parmi eux : divers anciens membres de milice, dont certains se félicite de pouvoir passer leurs nuits dans leurs lits, plutôt que sur les pistes de brousse.
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