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Charlie Hebdo: quatre hommes mis en examen dans l'enquête


Fritz-Joly Joachin (c.), l'un des suspects dans l'enquête sur les attentats contre Charlie Hebdo (Reuters)
Fritz-Joly Joachin (c.), l'un des suspects dans l'enquête sur les attentats contre Charlie Hebdo (Reuters)

Les quatre hommes, âgés de 22 à 28 ans, ont été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

PARIS (Reuters) - Quatre hommes soupçonnés d'avoir apporté une aide "logistique" à Amedy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre juifs début janvier en Ile-de-France, ont été mis en examen et placés en détention provisoire, a déclaré mercredi le procureur de Paris.

Les quatre hommes, âgés de 22 à 28 ans, ont été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. L'un d'eux a également été mis en examen pour détention et port d'armes en relation avec une entreprise terroriste, conformément aux réquisitions du parquet, a précisé François Molins.

"A ce jour, les investigations ont essentiellement progressé sur ce que j'appellerais le volet Coulibaly et non sur le volet des frères Kouachi", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

"On est dans une sphère d'individus qui se connaissent, soit parce qu'ils ont vécu et grandi dans le même quartier, (soit) parce qu'ils ont commis ensemble des faits qui relèvent de la délinquance de droit commun ou (parce) qu'ils se sont connus dans le cadre de séjours en prison", a-t-il ajouté.

Le parquet de Paris a ouvert mardi une information judiciaire pour assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste, transport d'armes et financement du terrorisme, notamment, dans l'enquête sur les complicités dont auraient pu bénéficier les trois auteurs des attentats qui ont fait 17 morts début janvier.

Trois juges ont été désignés pour mener cette enquête.

Douze personnes avaient été interpellées vendredi matin.

Trois des quatre hommes finalement mis en examen se sont rendus à plusieurs reprises en décembre dernier dans des armureries de Paris et de la proche banlieue pour acheter du matériel "pour le compte" d'Amedy Coulibaly.

"EMPREINTE GÉNÉTIQUE"

Parmi leurs achats figuraient des couteaux et des bombes lacrymogènes qui correspondent "en tous points au matériel qui a été retrouvé sur Coulibaly après la (prise d'otages) de la porte de Vincennes ou dans son appartement à Gentilly", a précisé le procureur.

Dans cet appartement, "véritable logement conspiratif" où le tueur a résidé à partir du 4 janvier et où il a, "selon toute vraisemblance", tourné sa vidéo de revendication, les enquêteurs ont retrouvé deux valises recélant un véritable arsenal.

Quant au quatrième mis en examen, son empreinte génétique a été retrouvée sur des armes au domicile du tueur, ainsi que sur un gant dans la supérette où quatre juifs pris en otage ont trouvé la mort le 9 janvier, a souligné le procureur de Paris.

"L'étude de la facturation détaillée de la ligne téléphonique correspondant au téléphone découvert en (sa) possession et dont il a reconnu être l'unique utilisateur démontrait qu'il était en contact très régulier et soutenu, au cours des quatre derniers mois, avec des lignes téléphoniques utilisées par Amedy Coulibaly", a-t-il ajouté.

Sur cette période, les deux hommes échangeaient ainsi 362 messages et 13 appels. Le 5 janvier au soir, ils se voyaient dans la ville de Grigny (Essonne), et le 6, veille de l'attaque contre Charlie Hebdo, ils se contactaient à 18 reprises.

ENQUÊTE LONGUE

Mais si les quatre hommes sont soupçonnés d'avoir apporté un "soutien" au projet criminel d'Amedy Coulibaly, aucun élément du dossier ne permet pour l'instant d'asseoir une mise en examen pour "complicité" d'assassinats, a précisé François Molins.

"Les investigations vont donc se poursuivre (...) afin de continuer à rechercher les complices, co-auteurs et éventuels investigateurs des faits commis par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly", a-t-il ajouté.

L'enquête, qui promet d'être longue et ardue, selon le procureur, devra explorer plusieurs pistes, notamment à l'international. Une coopération est déjà engagée avec l'Espagne, où Amedy Coulibaly s'est rendu avec sa compagne, la Belgique, où il aurait pu acquérir des armes, et la Turquie, d'où Hayat Boumeddiene aurait rejoint la Syrie.

L'exploitation de la vidéo de revendication d'Amedy Coulibaly, montée et envoyée sur les réseaux sociaux après sa mort, est toujours en cours. Une moto dont les clés ont été retrouvées sur lui après l'assaut des forces de l'ordre contre la supérette est également toujours recherchée.

Les enquêteurs s'intéressent aussi à la tentative d'assassinat d'un joggeur le 7 janvier à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), non loin du domicile d'Amedy Coulibaly, crime qui a été rapproché par les experts balistiques de la prise d'otages dans le magasin casher de la porte de Vincennes.

"Certains enquêteurs ont émis l'hypothèse d'un possible tir d'entraînement", a indiqué mercredi François Molins.

La question d'éventuels repérages qui auraient pu être effectués sur les scènes de crimes reste par ailleurs ouverte.

Un certain nombre d'éléments dans le dossier "laissent penser que la cible (d'Amedy Coulibaly) était choisie", a déclaré le procureur. "La question se pose" aussi pour l'assassinat de la policière à Montrouge, les lieux de ce crime se trouvant à proximité d'une école juive, a-t-il ajouté.

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